Bandai Namco Entertainment nous a offert peu avant Noël la sortie de son Pack Explorateur, qu’il a vendu au Père Noël comme un jouet vidéo-créatif ! Il n’en fallait pas moins de ce titre honorifique pour attirer notre attention et pour le mettre au banc d’essai de notre tout jeune système de labellisation que nous avons développé avec l’entreprise Rétrogames show.
Alors Tori ? Bon ou Mauvais élève ? Recommandons-nous ou non de le laisser dans les mains des plus jeunes joueurs ?
Selon Bandai Namco Entertainment, Tori est une promesse de créations manuelles et d’accès aux nouvelles technologies pour les 6-12 ans. Il s’agirait d’une expérience immersive (sans précédent.. Je dis ça parce que ces derniers temps tout ce qui est présenté comme immersif est qualifié de la sorte). Nous serions devant un objet réunissant virtuel et réel au même endroit et dans une volonté non seulement d’amusement, mais également de développement des compétences cognitives et sociales de l’enfant. Résumons donc… De la virtualité mélangée à la réalité pour les moins de 13 ans et déjà sur le papier nous partons sur une considération négative. Comme expliqué dans cet article “Réalité virtuelle pour les enfants : Nintendo va-t-il faire switcher les règles ?”, attention sur l’usage sur les jeunes psychés en développement de cette confusion des limites entre le dedans et le dehors. Mais soit, avant de juger voyons de quoi nous parlons.
Table des matières
Un Pack qui réunit Créations, DIY (Do It Yourself) et JV ?
Bon si on mélange le tout, on obtient quoi ? Un coffret et un livret créatifs permettraient de personnifier le game et le play ici matérialisé par des petits accessoires en plastique, mais aussi par une possibilité de choisir ses couleurs qui sont ensuite scannées et portées dans le gameplay. Elles prennent alors vie et nous passons d’une simple activité de dessins et de coloriage à un rôle de Game Play Designer en culotte courte. J’aime bien l’idée que les enfants puissent se réapproprier un jouet en interface avec les écrans cela permet de reposer les limites aux choses.
J’avoue, c’est amusant même si j’ai toujours trouvé ça un peu lourd de devoir colorier, c’est long et sincèrement si on me promet du vidéo-ludique ce n’est pas ce que j’en attends. Je voudrais que ça marche et tout de suite ! Mais bon ça, c’est parce que j’ai 42 ans, pour un enfant de 7 ans, j’imagine que ça peut avoir son intérêt. Au-delà du coloriage, il y a un petit vaisseau à monter en Origami, là, j’avoue cela aura été beaucoup plus drôle.. ou pas, tout dépend de comment on se situe. D’ailleurs Jennyfer notre sociologue que j’ai contrainte à l’expérimentation s’en sort bien mieux que moi. L’avantage de la jeunesse certainement…
Ensuite, arrive la technologie tant attendue avec le Mirror Play qui ressemble à une grosse table graphique, en plaçant le jouet sur la table, face à ma tablette ou mon smartphone, celui-ci prend vie dans le jeu et là la promesse est magique. De la vraie magie, loin très loin de ce que nous pouvons voir de quelques illusionnistes sans talent qui animent les goûters d’anniversaires de nos enfants. Les yeux brillent et les sourires se font francs. Il est temps de jouer !
Un jeu en quatre versions pour développer de multiples compétences ?
Commençons par Crystal Chase, un jeu avec un petit vaisseau spatial qui nous offre un gameplay drôle et « fun ». Je le trouve un peu addictif, bon d’accord j’ai eu du mal à le lâcher. Mais au-delà de ça j’en ai apprécié l’esprit.
On ne peut tirer sur l’ennemi seulement quand on est attaqué et c’est surtout un jeu d’esquive car il faut éviter les obstacles. Et ça, ce type de mode défensif, on valide car il rend le degré de violence proche du niveau de la mère ( celle qui veille de son regard bienfaisant).
Jungle Rescue, on y utilise une catapulte pour à priori libérer un petit singe (une petite princesse singe) manifestement dans une situation de très grand danger. L’univers est très enfantin, et la projection minimale. Elle se prête bien au PEGI indiqué. La catapulte permet de casser des murs pour récupérer la clef de sa cage. Cela demande une certaine dextérité et cette dernière s’exerce à mesure des essais.
Shades of Light, on incarne l’apprenti d’un mage, on utilise la baguette magique pour libérer des créatures enchantées. Le jeu envoie du rêve, de l’émerveillement et un joli apprentissage de la frustration et de l’exercice par répétition. Pour faire simple, on demande à l’enfant de recréer des ombres en résolvant des énigmes pour lesquels l’enfant bénéficie d’indices simples d’accès pour les plus grands, il faudra peut-être tout de même accompagner les petits. Pour un enfant de 6 ou 7 ans, les choses me paraissent un peu complexe.
Supreme Builder, est un jeu de construction pyramidal. Le but ? Déplacer des blocs pour construire, cela n’est pas sans rappeler un jeu de petites briques bien célèbre. Sauf que là le virtuel oblige, la prise en main est plus difficile notamment par l’utilisation de la 3D qui passe de la réalité au numérique par la tablette. Il n’y a pas d’histoire mais on reproduit ce que proposé en utilisant les limites et contraintes de la machine ou bien, on laisse notre imagination créer ce que l’on veut avec les cubes proposé.
Chaque mini jeux aurait donc pour objectif d’exercer des capacités associées. Un système de points, mis en place par le développeur, permet d’analyser l’avancée dans chaque compétences et dans chaque mini-jeux avec la possibilité de mettre ou non des défis à l’enfant. L’évolution des compétences est visible depuis l’interface parentale qui peut ainsi veiller à distance mais aussi en présence du bon usage du jeu.
Les compétences mises en avant par l’annonceur sont :
Les Capacités sociales en entraînant la collaboration et le partage de points de vue, mais aussi la prise d’initiative et la régulation émotionnelle. Le raisonnement visuo-spatial et le raisonnement logico-mathématique. Ce que l’on appelle en psychologie cognitive les fonctions exécutives comme l’attention, la mémoire, la souplesse cognitive et la planification, la réactivité, la coordination motrice fine. La créativité et la capacité à résoudre des problèmes, la pensée critique, le libre arbitrage mais aussi le développement d’une démarche scientifique de résolutions.
Soumission au test de Labellisation Psycheclic.com et Rétrogames Show
Notre Système est basé sur l’intérêt ludique que le jeu représente bien évidemment, mais aussi sur les intérêts psycho-affectifs, pédagogiques, intellectuels, socialisants et le caractère non addictogène de ce dernier. Nous prendrons en compte l’âge des utilisateurs, nous cherchons à savoir si le PEGI est-il bien adapté aux enfants à qui le jeu s’adresse et nous apprécions donc en fonction des contenus, des interfaces utilisateurs, la bonne adéquation du PEGI cible avec cet âge réel. La cotation globale se fait sur 25 points, il faut que le jeu obtienne au moins un 20 pour être labellisé « Conforme au bon développement de l’enfant ».
Voici les résultats obtenus par tori
Pour ce qui concerne l’intérêt psycho-affectif, c’est-à-dire tout ce qui va concerner la gestion des émotions, de l’impulsivité, de la frustration, le plaisir de jouer et le développement d’une pensée morale et d’un libre arbitre. Nous sommes face à un jeu qui inscrit l’enfant dans une démarche positive, même le petit vaisseau spatial est inoffensif et cherche avant tout à parer les coups, il y a un petit air de Space Invaders derrière le jeu qui nous ramène à un parfum d’enfance et de guerriers sans violence. Nous avons coté 4/5.
Pour l’intérêt socialisant, il est facile de jouer ensemble àtori, entre copains, en famille. Notre regard sur l’aspect cohésif avec les pairs est très positif et là aussi nous cotons à 4/5.
Pour ce qui est de la stimulation intellectuelle, les promesses faites par l’éditeur sont tenues, nous pourrons regretter le manque de maniabilité de certains supports qui rendent l’accès à la motricité fine plus difficile (à moins que nous ne soyons pas doués chez Psycheclic.com) pour le reste le jeu de construction, de repérage, de réactivité, d’apprivoisement et de conditionnement des réflexes, la synchronisation et la coordination sont très mis à l’épreuve. Nous avons initialement côté 3/5 parce qu’au-delà de ces considérations les recherches stratégiques manquent un peu au rendez-vous, dommage sans cela nous aurions peut être mis un joli 4 bien mérité. Le résultat est de 3,5/5 donc.
Il y a une excellent adéquation des contenus avec l’âge et non ce jeu n’est pas fortement addictogène, nous pouvons coter respectivement un 5/5 et un 4/5 pour ces considération.
Notons que Crystal Chase obtient la palme pour tout ce qui concerne le développement psychomoteur, Jungle Rescue celle de la socialisation, et Suprême Builder celle du raisonnement logico-mathématique.
Notre Verdict
C’est un très bon jeu pour les 6-12 ans, le risque serait que le public visé soit un peu plus jeune que celui décrit. Aux parents de rester vigilants sur ce point. Concernant le matériel, il est solide, résiste aux petites mains et je l’avoue hyper ludique à manipuler.
Le total nous donne un résultat à 20.5, ça passe tout juste mais nous avons été sévères compte-tenu de la promesse très vendeuse de départ. Nous posons donc notre label (le tout premier attribué) sur le Pack Explorateur tori. Nous félicitons Bandai Namco Entertainment pour la qualité du produit et le recommandons aux enfants créatifs et sages, comme à notre sociologue Jennyfer Gamblin qui a adoré faire son premier test avec cette découverte !