La fille de Vercingétorix, adolescence et militantisme

Pour fêter les 60 ans des aventures du célèbre gaulois, un 38ème album voit le jour, sous la plume et le crayon de Jean-Yves Ferri et Didier Conrad. Parcourons-donc ensemble « La fille de Vercingétorix »

Ces nouvelles aventures sont centrées sur le personnage d’Adrénaline, fille de Vercingétorix, qui porte le torque (un collier celte) de son père, symbole de la résistance à l’envahisseur. Lors du don de ce collier, la jeune femme reçoit l’injonction paternelle de résister et de rester libre. Le thème de l’adolescence, déjà abordé en 1966 avec le personnage de Goudurix dans « Astérix et les Normands », est au cœur de cette histoire.

L’adolescence, bouleversement s’initiant par l’irruption de la puberté, entraine de profonds changements psychiques et physiques, difficiles à appréhender pour le jeune en mutation. La crise d’adolescence est ainsi une tentative de symbolisation de cette étape de vie.

Et force est de constater que le récit de cette bande dessinée présente sans finesse tous les clichés de l’adolescence. La jeune gauloise refuse les vêtements proposés pour s’habiller « gothique », l’expérimentation de pratiques adultes telles que consommation d’alcool est ici singée en prise de potion magique, les adolescents du village aiment la musique d’Assurancetourix que les adultes n’aiment pas etc.

Mais le positionnement adolescent se manifeste plus particulièrement dans cet ouvrage par le refus du choix de vie des adultes, à commencer par la reproduction sociale, décrite entre autres par le sociologue Pierre Bourdieu. Ainsi, les adolescents du village questionnent la possibilité de suivre une autre voix professionnelle que celle de leurs parents, et ouvrent ainsi la porte à la mobilité sociale. Par ailleurs, ils critiquent également le mode de vie des ainés, en écho aux problématiques sociétales actuelles. Ainsi, la surconsommation d’amphores et de sangliers est pointée du doigt, tout comme les interrogations sur la composition de la potion magique dont « on sait même pas ce que le vieux met dedans ».

Ce récit gaulois prend donc tous son sens au regard de notre actualité, jusqu’à la similitude entre Adrénaline et la militante Greta Thunberg. Pourtant, les auteurs se défendent de s’en être inspirés, évoquant une coïncidence. Quoi qu’il en soit, force est de constater que cette aventure s’inscrit en miroir à nos questionnements contemporains de façon assez téléphonée et prévisible (mais Dieux merci pas autant que dans « Le ciel lui tombe sur la tête »).

On assiste donc à une caricature de l’adolescent s’opposant à l’adulte sous fond de rejet de la guerre et du consumérisme pour d’autres choix de vie. Alors certes, le propos est noble, enrobé dans de belles images et de pas mal de jeux de mots qui tombent juste. A titre d’exemple, l’anachronisme des noms d’Adictosérix et Selfix est vraiment dans l’esprit de la série. Mais un peu plus de subtilité et de profondeur aurait transformé un opus tout juste sympathique en excellent épisode.

Alors oui, j’ai pris plaisir à retrouver les héros de mon enfance dans de nouvelles aventures. J’ai souri plusieurs fois aux traits d’humour, et les idées sont intéressantes même si plutôt stéréotypées. Vous pouvez donc vous mettre à la lecture de cet ouvrage en connaissance de cause, vous passerez sans doute un bon moment, ne serait-ce que pour la nostalgie. Pour les plus jeunes, vous vous dirigerez peut-être vers les aventures plus anciennes ? Dans tous les cas, on attend vos retours.

 

Site officiel : https://www.asterix.com/la-collection/les-albums/la-fille-de-vercingetorix/

Partagez sur :

Laisser un commentaire