La 22ᵉ édition du Safer Internet Day commence aujourd’hui, le 11 février 2025 et va durer tout au long du mois de février et de mars.
Mais qu’est ce que le Safer Internet Day ?
Inscrit dans les temps forts scolaires et intégré au programme pHARe qui lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement à l’école, le Safer Internet Day est un rendez-vous annuel de sensibilisation aux usages du numérique à destination des jeunes, des familles et de la communauté éducative. Son objectif est d’encourager les comportements responsables et positifs en ligne afin de lutter contre le cyberharcèlement et, plus largement, les violences sur Internet. Aujourd’hui, nous avons tous une identité numérique plus ou moins développée, il est donc important de prendre conscience des bons usages et comportements sur Internet.
Cette année, le Safer Internet Day met en lumière la citoyenneté numérique à l’ère de l’IA.
Ce thème rappelle encore une fois en quoi l’intelligence artificielle est un enjeu de société central comme nous le soulignons dans l’article Emmanuel Macron et l’IA : le futur à notre porte. S’informer est un enjeu important de la citoyenneté puisque l’accès à l’information permet de nous rendre compte du monde dans lequel nous vivons et permet de pouvoir agir en citoyen éclairé.
Table des matières
Sensibiliser aux usages du numérique : l’éducation aux médias et à l’information
Pour favoriser une utilisation responsable du numérique, l’éducation aux médias et à l’information a été intégrée aux programmes scolaires en 2013, faisant suite à l’introduction de ce concept par l’UNESCO quelques années auparavant (2007). Avoir une éducation aux médias et à l’information, c’est savoir chercher, recevoir, produire et diffuser des informations via des médias.
L’éducation aux médias et à l’information (EMI) est, dans le système éducatif français, un enseignement pluridisciplinaire, présent dans les programmes des cycles 2 et 3 (du CP à la 6e), du cycle 4 (de la 5e à la 3e) et du lycée (de la seconde à la terminale). Il s’inscrit à la fois dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, dans le parcours citoyen et dans le parcours d’éducation artistique et culturelle des élèves.
“Par l’éducation aux médias et à l’information (EMI), les élèves apprennent à devenir des citoyens responsables dans une société marquée par la multiplication et l’accélération des flux d’information. Ils développent leur esprit critique et sont capables d’agir de manière éclairée pour chercher, recevoir, produire et diffuser des informations via des médias de plus en plus diversifiés”. – Éducation aux médias et à l’information | éduscol | Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche | Dgesco

L’enjeu de l’EMI aujourd’hui est donc de pouvoir chercher, recevoir, produire et diffuser des informations via des médias dans un paysage médiatique complexe et riche comme le montre ce visuel proposé par le blog lesmediaslemondeetmoi.com mettant en avant un film autour de l’information et qui propose une carte subjective du paysage médiatique français dans un article dédié.

La question de l’accès à l’information est un enjeu majeur dans nos sociétés, comme le montre le travail fait par la commission Bronner dans le rapport éponyme remis au Président en janvier 2022. L’information à l’ère d’internet amène un flou informationnel qu’il faut pouvoir analyser afin de continuer à être des citoyens éclairés et informés.
Avec Internet, il est parfois difficile de faire le tri entre information, désinformation ou mésinformation.
L’information est définie comme:
“le produit de la mise en forme, par le recours à un code de transcription particulier (oral, gestuel, textuel, iconique, sonore ou multicodes), d’un élément de connaissance ou de sens, transmis au moyen d’un message, par un canal de transmission. L’information provient d’une source et procède d’une intention de communication. D’essence immatérielle, son inscription sur un support matériel permet la création d’un document. Elle apporte un élément de nouveauté à celui qui la reçoit” comme nous le propose le site Wikinotions Infodoc qui est un projet collaboratif piloté par l’APDEN*, pour un enseignement en information-documentation, contribuant à l’Education aux médias et à l’information (EMI).
Et comme le précise aussi le Wikinotions :
“La désinformation concerne une information mensongère, faussée, dénaturée, censurée sciemment. C’est un acte volontaire, au contraire de la “mésinformation” (défaut d’information sans l’intention de mentir ou de nuire).
La désinformation s’appuie sur l’ignorance de l’opinion publique, à des fins politiques, économiques, pour obtenir une réaction de l’opinion ou pour convaincre l’opinion. Elle porte préjudice à un ou des tiers. […] La désinformation suppose une propagation par les médias, par la voie publique, par exemple avec la rumeur, jusqu’à atteindre des médias neutres. Elle peut être officielle, à travers la propagande, ou officieuse, à travers des pressions politiques et économiques diverses”.
Vous l’aurez compris, aujourd’hui, avec un paysage médiatique complexe et riche dont Internet fait partie, il est plus difficile de s’informer correctement sans tomber sur de la désinformation ou de la mésinformation. La dernière technologie de l’information et de la communication (on parle de TIC) ayant ajouté un peu plus de flou informationnel à nos pratiques informationnelles.
L’IA, une nouvelle technologie qui amène un peu plus de flou informationnel dans un paysage médiatique déjà complexe
L’Intelligence Artificielle n’est pas une nouveauté puisqu’elle naît avec les travaux d’Alan Turing dans les années 1950. Pour autant, depuis peu, nous ne faisons qu’entendre parler d’IA. Alors si cela n’est pas une nouveauté, pourquoi l’IA fait autant parler d’elle?
L’IA est définie comme un “procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies.” – La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL).
Le Wikinotions définit aussi l’intelligence artificielle :
“Une Intelligence Artificielle (IA) est un système de calculs informatiques créé par des ingénieur·es et des scientifiques. Elle utilise des algorithmes et de très grandes quantités de données. L’IA s’oppose à l’intelligence biologique. Cependant, elle s’inspire des fonctions cognitives du cerveau via ses possibilités de traitement rapide des données massives et ses capacités de mémoire, et peut apprendre (machine learning) par transmission de données ou par expérimentation et tâtonnements (deep learning).
Ce domaine scientifique a de nombreuses applications dans beaucoup de domaines (vie quotidienne, monde du travail, économie, santé, science, défense, etc.) via des prédictions, recommandations, productions de contenus. Elle représente un marché économique immense, notamment pour les GAFAM.
L’IA ouvre à débats sur les plans éthiques, philosophiques et sociaux et a des conséquences sur la désinformation, l’infobésité, le respect de la vie privée, mais aussi le droit d’auteur, la propriété intellectuelle et l’identification des sources d’information. C’est pourquoi son encadrement et sa réglementation sont indispensables”.
En ce sens, l’IA comprend les intelligences logiques et automatisées comme les nouveaux aspirateurs robots trouvables sur le marché ou encore le célèbre Deep Blue.
L’IA générative se diffère de l’IA que nous connaissons alors en créant de nouvelles données en utilisant ses données d’apprentissage pour reconnaître des modèles, mais aussi pour en créer de nouveaux. C’est avec la sortie grand public de ChatGPT en 2022 qu’elle est devenue massivement médiatique et continue de l’être en nous montrant toujours plus les capacités d’évolutions des IA génératives.
L’IA générative est devenue un outil du quotidien facilitant certaines tâches, questionnant les risques pour l’être humain ainsi que les chances comme le relève la fiche Wikinotions sur l’intelligence artificielle. L’IA soulève des débats médiatiques et permet d’aborder la question de l’idéologie du solutionnisme technologique.
Conclusion
L’IA est aujourd’hui à la fois un outil, un média et un vecteur d’information. Son utilisation nécessite des réflexions pour une utilisation éclairée et pour avoir un regard critique sur ce qu’elle nous propose. Savoir évaluer une information est au cœur des enjeux de notre société hyperconnectée dans laquelle il est facile de se perdre et de ne plus avoir le regard assez critique pour dénicher l’information d’une désinformation ou d’une mésinformation. En cela, l’éducation aux médias et à l’information joue un rôle clé, et le Safer Internet Day vient appuyer une éducation inscrite dans les programmes et prescriptions scolaires pour les plus jeunes. Si savoir chercher et recevoir de l’information est de l’ordre de l’esprit critique, produire et diffuser des informations via des médias s’inscrit dans les enjeux du Safer Internet Day de cette année.
L’édition de 2025, orientée sur des enjeux d’être en ligne, de bien-être en ligne et de savoir-être en ligne et qui a pour ambition d’ouvrir le dialogue et de favoriser une prise de conscience de tous sur ces questions de société, participe à la citoyenneté numérique en permettant d’inscrire dans le temps un moment fort pour s’éduquer autour des médias et de l’information.
Pour en savoir plus sur les enjeux autour des savoirs être en ligne n’hésitez pas à aller voir les propositions du site officiel du Safer Day Internet ou encore de vous rapprocher d’association abordant ces enjeux comme RespectZone dont nous saluons le travail et l’engagement chez Psycheclic.
Pour aller plus loin :
- Safer Internet Day 2025 – site officiel
- Safer Internet Day 2025 : accompagner les élèves vers une citoyenneté numérique responsable – Les animations des Fondamentaux – Réseau Canopé
- *L’APDEN est l’association des professeurs documentalistes de l’éducation nationale. Les professeurs documentalistes sont les membres de la communauté pédagogique dont la mission 1 de la circulaire de missions de 2017 est “Le professeur documentaliste, enseignant et maître d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias”.
- Citoyenneté, lutte contre la désinformation… Qu’est-ce que l’éducation aux médias et à l’information ?
- La charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numérique – Charte publiée par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, en partenariat avec le CLEMI, la CNIL et l’ARCOM.
- Autour de l’EMI
- L’éducation aux médias et à l’information (EMI) face aux défis du numérique
- Remise du rapport de la Commission Bronner. | Élysée
- Alan Turing et intelligence artificielle : les origines de l’IA
- Notion : Intelligence Artificielle
- Association RespectZone : https://www.respectzone.org/
- Laurent Petit, « La rencontre de l’Intelligence artificielle (IA) et de l’esprit critique (EC) : nouveaux enjeux ? nouvelle formation ? », Communication, technologies et développement [En ligne], 12 | 2022, mis en ligne le 15 décembre 2022, consulté le 19 janvier 2025. URL : http://journals.openedition.org.lama.univ-amu.fr/ctd/8256 ;