Festival Re-play et PJJ de Toulon : les petits festivals ont-ils des choses à jalouser de la grande PgW ?

Du Palais du Jeu et du Jouet de Toulon à la Paris Game Week, en passant par le Festival Re-play de Mouans-Sartoux, le salon du Jeu Vidéo peut prendre des aspects bien différents et offrir de multiples facettes de ce qu’il est en tant qu’objet sociétal mais aussi dans ses fonctions constructives et identitaires. Des ambiances bien différentes donc mais qui ont toutes en commun de fédérer une population autour d’une même passion et qui se réunit pour en partager la ferveur. Mais les « petits » salons de province n’auraient-ils pas finalement tout d’une grande ?

La PGW s’est ouverte au public hier matin et déjà les allées sont devenues de véritables marées humaines. Il fallait une bonne dose de patience et de persévération au regard des heures d’attente sur les stands les plus prisés. Essayer le prochain Final Fantasy sur le stand – pardon le temple – Sony ou redécouvrir un nouveau Luigi chez Nintendo, sont vite devenus des actes de résilience. On pouvait ressentir pourtant dans l’ambiance une douce hystérie collective.  Dans le plus grand hall, un peu dédié tout de même aux licences « majeures », une forme de frénésie voir de ferveur étaient renvoyée par l’esprit communautaire.

Pas de doute ici je suis chez les gamers ! Les vrais ! On pourrait presque y sentir l’odeur de quelques boissons énergisantes pour tenir le coup, mais la marque rouge et blanche a envahi tout l’espace. De la lumière, du bruit, des stimulations en toute genre, bienvenue dans cette assemblée qui se situe quelque part entre lieu de pèlerinage et temple de la consommation.

« si la PGW est indiscutablement la grande messe du jeu vidéo, ceux que l’on qualifie de « petits salons de province » n’ont rien à envier à leur grande sœur parisienne. « 

Nous sommes loin, bien loin, de l’ambiance du hall 2, bien plus petit, bien plus calme, qui nous montre une autre face du jeu vidéo, mais pourtant où règne une ambiance similaire mais dépourvue des apparats commerciaux. Ce climat plus tempéré nous l’avions rencontré ces dernières semaines en d’autres lieux : à Mouans-Sartoux qui organisait son festival Re-play et au Palais du Jeu et du jouet. Sortis de ces expériences je ne peux pas ne pas m’interroger sur le fait que je ressens que, si la PGW est indiscutablement la grande messe du jeu vidéo, ceux que l’on qualifie de « petits salons de province » n’ont rien à envier à leur grande sœur parisienne.

« Au début on était une bande de potes, on a eu envie de faire du Retrogaming, puis on s’est fait d’autres potes qui ont eu aussi envie de faire du retrogaming et de venir le partager en famille , puis….»

A Mouans-Sartoux, l’ambiance est familiale, entre fête de quartier et réunion de passionnés, le sentiment laissé est que le jeu rétro s’est installé là dans un gymnase et que les portes sont ouvertes à tous (et notamment à tous les budgets) petits et grands. Ambiance détente où les grands aiment montrer aux plus jeunes les jeux de leur enfance. Je rencontre Lionel et Yann les organisateurs au décours d’une conférence sur un thème passionnant qu’est la fonction et la valeur onirique du jeu vidéo. Je suis surprise des questions qui ont été posées par le public de ce festival, qui, de toute évidence, est un public qui réfléchit le jeu, qui en a une culture étendue, bref qui l’aime. les organisateurs me raconteront l’histoire de ce festival. « Au début on était une bande de potes, on a eu envie de faire du Retrogaming, puis on s’est fait d’autres potes qui ont eu aussi envie de faire du retrogaming et de venir le partager en famille, puis….». Ok ! ça ressemble à l’histoire du gars qui connait le gars qui connait… Déjà vu ! Mais un déjà vu qui fonctionne !

Après plusieurs déménagements, notamment du fait d’un manque d’espace qui devenait au fil des ans de plus en plus restreint, l’endroit a été créé. Ici on joue, on re-découvre nos premiers émois vidéo-ludiques, les stands sont des cavernes d’Ali babas où nos plus vieilles consoles reprennent vie au bout d’un vieux joystick et dans la lumière des yeux des enfants de ceux qui les tiennent. Quel bon Week-end nous avons passés auprès de tous ces organisateurs sympathiques, pédagogiques et passionnés. L’impression laissée et celle d’avoir passé un Week-end entre amis, des amis que nous avons hâte de retrouver.

A l’année prochaine les amis! Départ pour Toulon et le Palais du Jeu et du Jouet.

« Un jour on se souviendra de certaines grandes licences qui auront vu le jour à Toulon, c’est certain ! »

Là pas de doute, au regard du combat de sabres lasers que j’ai croisé dans le hall d’un centre commercial, je suis dans une autre dimension.  Plusieurs sites s’ouvrent au ludique dont le palais Neptune où j’ai eu la chance avec mes confrères de donner deux conférences sur le thème « Le jeu Vidéo, un jeu comme un autre ? ». Là qu’elle ne fut pas ma surprise de constater que c’est toute la ville qui se met à jouer. La PJJ c’est 17000 visiteurs, des kilomètres carrés de tables de jeu, et un grand espace dédié au  jeu vidéo, entre réalité virtuelle et retrogaming, en passant par la rencontre de jeux indépendants des plus intéressants et à qui je peux déjà promettre un grand avenir. Un jour on se souviendra de certaines grandes licences qui auront vu le jour à Toulon, c’est certain !

Le palais Neptune ressemble à un épicentre d’un Monde devenu ludique. Les adultes jouent sans complexe, les groupes d’enfants du vendredi laissent place aux familles le Week-End, on découvre des choses nouvelles, des jeux de plateau inédits, redécouvre des plus anciens, oubliés jusque-là au fond d’un grenier, on s’essaye à de nouvelles stimulations ludiques, entre simulateur de voiture et escape game en réalité virtuelle. Ça sent la gaufre, le jus d’orange, les rires des enfants et quelques éclats de voix de parents fatigués qui se transforment rapidement en éclats de rire. On est loin, si loin des allées de la PgW, et pourtant je sens bien que là encore le salon n’a rien à jalouser de la grande parisienne.

« Je dirais que si l’un reflète l’objet sociétal qu’est le jeu vidéo comme objet de consommation, l’autre le ramène à ce qu’il est depuis la nuit des temps, un objet de divertissement et de construction individuelle et groupale. »

Si je m’osais à un petit comparatif des deux types de salon, je dirais que si l’un reflète l’objet sociétal qu’est le jeu vidéo comme objet de consommation, l’autre le ramène à ce qu’il est depuis la nuit des temps, un objet de divertissement et de construction individuelle et groupale.

Depuis tout temps l’homme a joué, Sapiens alignait des cailloux, les rites religieux ont utilisé le jeu avant de la condamner pour le plaisir qu’il procure, les archéologues n’ont de cesse de retrouver des vestiges de ce qu’il aurait pu exister dans différentes civilisations. Ce que j’aimerais pouvoir voir l’étonnement du type qui en 2350 remontera d’un vieux coffre à jouet enfui ma première Game Boy !

Du jeu de go à Cyberpunk, le jeu a toujours été et sera toujours un outil d’épanouissement psychique et de fondement de nos sociétés et donc un objet socio-culturel majeur. La forme a évolué. certes, le jeu vidéo celui qui devait selon les médias de l’époque rendre nos enfants « fous », s’est imposé comme le support moderne du jeu sans enlever à ses confrères de plateau ou de piste, de leur intérêt et suprématie. Le jeu vidéo n’est donc une forme évoluée du jouet, avec ses avantages, avec ses limites et loin, bien loin, des lumières du hall 1 du Parc des Expositions, les petits salons de province nous le rappellent tous les Week-end partout en France.

En attendant de trouver près de chez vous cet accès au vidéo-ludique,  si vous êtes sur la PgW venez faire un tour autour du family corner, vous y trouverez coincés entre grosses licences et e-sporting, un lieu de rencontre où le jeu vidéo est replacé dans ses fonctions identitaires et où est expliqué sa légitimité à être.

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