Nous vivons entourés par la publicité, nos écrans ressemblent à Time Square. Elle est partout, tellement présente que nous ne la voyons plus. Dans une société de consommation où l’avancée technologique ne s’arrête pas, les publicitaires cherchent toujours les meilleurs moyens pour placer leurs produits et tous les médias ont été pris d’assaut par ce phénomène. Le jeu vidéo n’y échappe donc pas et je me suis demandée dans quelle mesure la publicité a pris une place discrète mais aussi invasive dans le médium.
De l’auto-promotion à la publicité, le jeu vidéo reflète notre société de consommation !
La publicité soit est de l’auto-promotion (ça c’est quand un éditeur met de lui-même le logo de son entreprise et des studios affiliés) soit de la promotion, c’est la forme que l’on connaît le plus, avec le schéma d’un annonceur qui va utiliser les jeux vidéo comme support de promotion pour toucher une cible
La première apparition d’une auto promotion dans un jeu vidéo est dans le jeu « Adventureland » premier jeu d’aventure textuel sorti en 1978 sur TRS80 (micro ordinateur sorti en 1977 mais, qui a fait fureur dans les années 80… si si promis certains s’en souvient ! ) et qui inclut le nom de l’entreprise ainsi que le nom d’un autre jeu du même éditeur.
“On voit apparaître la publicité assez tôt dans le jeu vidéo ma référence favorite étant la présence de la marque PEPSI dans le jeu « Space Invaders »”
On voit apparaître la publicité assez tôt dans le jeu vidéo ma référence favorite étant la présence de la marque PEPSI dans le jeu « Space Invaders » encore une fois dans les années 80 dans le contexte précis de la guerre fraiche plus que froide des colas.
Depuis, le jeu vidéo est devenu un outil de diffusion incontournable dans les foyers et qui a évolué rapidement avec l’arrivée de nouvelles technologies toujours plus rapidement sur le marché qui voit apparaître de nouvelles consoles toujours plus puissantes…. Attendons d’ailleurs ce que 2020 et l’annonce des nouvelles générations nous promet !
En 2015, 7 français sur 10 déclarent jouer aux jeux vidéo (source : CNC Ifop « Les pratiques de consommations de jeux vidéo des Français », 2015) et le secteur du jeu vidéo rapporterait aujourd’hui plus que le secteur du cinéma. D’ailleurs le produit culturel le plus vendu au Monde serait la licence FIFA !
“Cette diversité de supports permet une diversité de pratiques et les publicitaires, plus pragmatiques que visionnaires, ont su évoluer avec ces derniers.”
La pratique de ce médium est répandue sur de multiples supports tels que sur PC, sur consoles mais aussi sur supports mobiles. Cette diversité de supports permet une diversité de pratiques et les publicitaires, plus pragmatiques que visionnaires, ont su évoluer avec ces derniers.
Les publicitaires utilisent de toutes les techniques pour déployer des publicités telles que la publicité statique qui existe depuis le début des jeux vidéos et qui est une publicité intégrée dans le jeu durant le développement et qui ne peut être modifiée une fois la conception terminée), la publicité dynamique qui a été créée à destination des jeux en ligne et qui est modifiable (la publicité peut apparaître à des moments précis et peut être ciblée et localisée dans des zones sélectionnées) et l’advergaming.
“L’advergame se définit comme un jeu vidéo conçu pour une marque ayant un but commercial. En 1983 sort le premier advergame, Pepsi Invaders, une copie de Space Invaders pour la marque de cola Pepsi ou encore, plus connu, le jeu McDonald’s Treasure Land Adventure sorti en 1993 sur Mégadrive.”
Avec ces techniques, il y a trois formats principaux de support : les affichages placés dans le Jeu, les placements de produit ou de marques (plus subtil !!) et les liens externes. Par exemple, dans le jeu Everquest 2 (un MMO médiéval fantastique), un contrat avec Pizza Hut permettait de commander une pizza in game directement livrée chez le joueur afin qu’il n’ait pas à quitter le jeu et à mettre en pause sa pratique. On ne quitte pas un univers Fantaisy aussi facilement, tout joueur qui se respecte sait cela !
Les publicitaires ont su utiliser le jeu vidéo en renouvelant les concepts liés à la pratique notamment par le développement de jeux uniquement pour une marque (et non plus juste la référence à une marque dans un jeu vidéo). La création de ce que l’on a appelé advergame est la publicité dans le jeu vidéo poussée à son paroxysme. L’advergame se définit comme un jeu vidéo conçu pour une marque ayant un but commercial. En 1983 sort le premier advergame, Pepsi Invaders, une copie de Space Invaders pour la marque de cola Pepsi ou encore, plus connu, le jeu McDonald’s Treasure Land Adventure sorti en 1993 sur Megadrive. Les advergames ont explosés avec l’arrivée des smartphones.
En tant que joueur, on a tous eu une expérience de l’advergame, ne serait ce que par la mise en avant de ce produit dans les stores pour smartphone. Ainsi, qui n’a jamais joué à un jeu reprenant le gameplay d’un autre jeu pour vendre un produit ? En disant ceci, je ne peux que penser au jeu Oasis, the game qui est une copie du jeu Doodle Jump sorti au début des années 2000 (après 2005).
C’est avec ce genre de campagne publicitaire comme l’a fait la marque Oasis que l’on peut associer société de consommation et jeu vidéo.
De plus, les jeux vidéo ont évolué depuis leur création que ce soit en contenu (scénario), en graphisme (amélioration technologique) ou en gameplay (améliorations technologiques et recherche de nouveautés).
Comme souligné en introduction, la publicité dans notre société est omniprésente. Si l’on se promène dans les rues d’une ville, on y voit une multitude d’enseignes. Cette société capitaliste est modélisée dans le jeu vidéo dans un but de réalisme. On retrouve des références aux plus grandes marques où directement ces grandes marques. Le jeu vidéo devient un support qui peut soit critiquer cette société (comme dans la célèbre licence GTA où toutes les publicités sont inventées par les développeurs du jeu) où alors servir de support au publicitaire pour vendre un produit.
“Le réalisme se définit comme ce qui veut se rapprocher de la réalité. Sans cette modélisation de la publicité, l’univers du jeu ne serait pas ressemblant à la réalité de notre société”
Ici, la publicité dans le jeu vidéo sert donc le réalisme. Le réalisme se définit comme ce qui veut se rapprocher de la réalité. Sans cette modélisation de la publicité, l’univers du jeu ne serait pas ressemblant à la réalité de notre société. Imaginez une copie d’une ville que vous connaissez sans publicité, sans enseigne.
Walter Benjamin dans “Paris, capitale du XIXe siècle (1939)” développe l’idée d’un amusement par la spatialisation. Il prend l’exemple du Paris du XIXe siècle comme une ville dont la spatialisation a été pensée pour l’amusement du citadin. Paris est une ville où se perdre est un amusement, comme un labyrinthe, comme un monde où l’imaginaire est sollicité. Il y a une stimulation des sensations et émotions du consommateur dans son rapport à l’environnement.
Dans le jeu vidéo, la spatialisation est pensée par le game designer comme un labyrinthe avec parfois du gameplay qui joue avec ce positionnement telles que des quêtes secondaires où l’on découvre un lieu ou simplement par des références comme des boutiques existantes trouvables.
“La gamification du monde a largement intéressé les publicitaires et aujourd’hui, publicité et jeu vidéo se servent autant sur le plan économique que sur celui plus intéressant du game design.”
En somme, si la publicité sert le réalisme et l’amusement du joueur, elle sert aussi de support publicitaire où la publicité est incrustée parfois subtilement parfois grossièrement de la même manière que dans le cinéma.
De nombreuses marques ont affiliées leur nom à une licence ou ont simplement placé leurs produits dans les jeux vidéos. C’est par cette pratique que l’image d’une marque et celle d’un jeu peuvent être liés. En reprenant l’exemple de la marque PEPSI dans le jeu Space invaders dans les années 80 dans le contexte de la guerre des colas, on associe le jeu à la marque. Le jeu a prit parti dans la guerre ouverte entre les deux grands de l’époque : Coca-Cola et Pepsi. En prenant un exemple plus récent, la célèbre marque de chaussure Puma a commercialisé les chaussures de Snake, héro de la célèbre licence Metal Gear Solid pour la sortie de MGS V.
Un autre exemple et c’est l’un de mes jeux favoris imaginé pour une marque est le jeu Root Beer Tapper sorti en 1983 sur NES. Ce jeu consiste à s’immerger dans le métier de Barman (avec les capacités technologiques de l’époque bien entendu), on doit distribuer à des personnages des pintes de bières d’une unique marque vendue aux USA (ce jeu est une exclusivité américaine).
En conclusion, les publicitaires ont su se placer dans le secteur du jeu vidéo en étant un facteur monétaire important. Les développeurs ont fait une place à l’insertion publicitaire dans le jeu vidéo pour des raisons économiques qui permettent au milieu du jeu vidéo de fonctionner mais surtout de s’ancrer un peu plus dans une forme de réalisme. La gamification du monde a largement intéressé les publicitaires et aujourd’hui, publicité et jeu vidéo se servent autant sur le plan économique que sur celui plus intéressant du game design.